interview

réalisé pour le site bybeton.fr/ pa Mr Joyeux  

Vous travaillez le bronze, la porcelaine…

J’ai une formation initiale de ciseleur sur bronze avec une expérience de dix ans dans une fonderie d’art prestigieuse : la fonderie Susse. Un ancien artisan, meilleur ouvrier de France de la fonderie Alexis Rudier – le fondeur de Rodin –, m’a enseigné la technique du moulage au sable naturel que j’emploie aujourd’hui pour réaliser certaines pièces en béton. Elle permet de donner un aspect lissé aux œuvres. Puis je suis entré à la manufacture de porcelaine de Sèvres comme encasteur, pour “monter et surveiller les fours”. J’y ai travaillé le dessin, l’histoire de l’art et surtout le modelage car on est élève pendant trois ans quand on débute à Sèvres.

… Pourquoi le béton ?

Le béton est omniprésent autour de nous, j’ai eu envie de le tester. Du sable, des cailloux et du ciment mélangés dans une gamelle : c’est comme cela que mon premier tirage est né avec ma sculpture L’ambigu. Elle a demandé trois semaines de séchage. À partir de là, je me suis documenté et j’ai découvert toute la palette du béton. En mettant de la résine à la place de l’eau j’ai obtenu un matériau plus résistant qui ne nécessite pas de ferraillage car le béton est fibré de l’intérieur. J’ai testé au moins quarante recettes de béton différentes !

Vous travaillez des formes rondes

Mon travail est inspiré par l’idée de l’empreinte, la transformation de la terre, aussi bien la glaise que la planète, par l’homme. Comme l’architecte marque le territoire et déforme notre entourage, je prends de la terre à modeler et crée des formes abstraites contrariées par ma main qui y laisse son empreinte. Les formes que je réalise sont très tactiles. Peu importe que le résultat soit figuratif ou abstrait. Les oiseaux sont nés de mes essais de béton : une quarantaines de couleurs et de textures différentes, démoulés plus ou moins tôt. L’idée des arbres et des cages ouvertes est née de l’envie de mélanger le béton et l’acier.

Et les techniques que vous utilisez ?

Certaines œuvres, Laisse-moi par exemple, ont une armature d’acier sur laquelle je monte un noyau de polystyrène. Je l’enduis d’un béton que je sculpte frais. Pour d’autres pièces, je réalise un agrandissement en terre et un moule en plâtre dans lequel le béton est estampé. La recette “maison” pour ces moules, plus économiques que l’élastomère, met en œuvre des couches de gomme laque, de cire et de l’alcool vinylique. Je conserve volontairement la marque du moule dans toutes mes sculptures de béton. Longtemps, l’artisan et le sculpteur se sont bagarrés en moi. Déformé par mes années de moulage, je m’interdisais des choses. Maintenant c’est fini : je crée et on verra la technique plus tard !

Des expositions en vue, des projets ?

J’ai imprimé des pièces en plastique 3D, j’aimerai à présent essayer l’impression en béton. On m’invite souvent à exposer mes sculptures, à Londres, en Chine, au Japon, en Autriche et en Belgique. À Paris j’expose au Salon d’Automne. En décembre, je vais présenter mes séries d’arbres à la Société nationale des Beaux-arts (SNBA), au Carrousel du Louvre. Mes futurs œuvres sortiront des murs comme des appliques avec mes oiseaux de béton arrachés à la terre tout prêts à s’envoler.

vidéos

interview vidéo réalisé par

Eli Garcia

son site https://eli-garcia.com/